• https://vimeo.com/channels/1357655

     

    Le mot « frontière », en ancien français fronter vient du latin frons-frontis. Il a, dès ses premiers usages, acquis une connotation belliqueuse ; on pense, bien-sûr, à ses parents « affronter », « faire front ».

    « Ca 1213 « front d'une armée » (Faits des Romains, éd. L.-F. Flutre, 120, 19); 2. 1292, oct. « place fortifiée faisant face à l'ennemi » (Arch. B. du Rhône, 56 H 4055 Statuts S. Jean Jérusalem) » ; ce sont les attestations les plus anciennes relevées par Ortolangue du CNTRL1.

     

    La mise en place de frontières politiques séparant les États est long processus qui n’est certainement pas achevé.

     

    La légende nationale française a longtemps fait prévaloir la notion de « frontières naturelles », ce seraient les chaînes de montagnes et les cours d’eau qui bordent l’hexagone actuel, comme si une entité divine avait prévu cette configuration. On le sait, la France résulte d’une succession de conquêtes territoriales qui, souvent, découlaient de hasards. Un ensemble constitué « au fil de l’épée » comme l’a écrit De Gaulle, mais aussi au fil des mariages (la Bretagne), des achats (la Corse), des échanges (la Savoie et Nice)… Or, ces frontières n’ont rien de naturel, sur la plan humain : la plupart du temps elles tranchent dans le vif de populations qui avaient la même langue, les mêmes cultures.

     

    Prenons le cas du Traité de Pyrénées (7 novembre 1659), passé entre Louis XIV et Philippe IV, qui a établi la frontière franco-espagnole. Son résultat représente le type même de l’arbitraire. Le principe était celui du partage selon la ligne des crêtes pyrénéennes ce qui a abouti à diviser en deux les peuples bascophones et catalanophones. Mais il y a eu des exceptions ; ainsi, dans l’est, il existe une large « plaine » riche par son agriculture : la Cerdagne (située sur le flanc sud du massif). Comme chacun voulait la garder, elle a été coupée en deux ; mais l’Espagne conservait les villes, c’est ainsi que Llivia, qui avait ce statut, est restée une enclave espagnole dans les possessions françaises. Aujourd’hui encore, en Cerdagne, des familles sont partagées, et même des exploitations agricoles.

     

    La vidéo évoque le cas des accords Sykes-Picot au proche orient, mais il existe une situation plus récente de partage par le compas et la règle : celui de l’Afrique. Ce continent a été presque totalement colonisé par des puissances européennes. Au moment de la décolonisation, il a été établi le principe que les nouveaux pays qui apparaîtraient se formeraient dans les limites tracées par la colonisation, et que ces limites prendraient un caractère intangible. D’où une carte du continent où prédominent les lignes droites, les tracés discrétionnaires, comme celui de la Gambie qui correspond au fleuve du même nom. Comment s’étonner alors de l’instabilité politique qui règne en Afrique, où des peuples ont été tranchés en morceaux et répartis sur différents États.

     

    Ah, la règle de l’intangibilité des frontières, quelle belle idée ! Elle se veut un barrage contre le désordre, mais, bien souvent le provoque par les situations d’injustice qu’elle engendre. Elle est aussi à géométrie variable, en fonction des intérêts des « grandes puissances » ; elle ne vaut pas pour le Kosovo, mais vaudrait pour la Crimée…

     

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    Concernant les langues, la norme serait d’admettre : il y a une frontière entre deux États, ces États disposent d’une langue officielle, ainsi, de part et d’autre de la frontière, il existe une langue différente. Dans les faits apparents, c’est souvent ce qui semble se produire, mais dans la réalité profonde les choses sont beaucoup plus nuancées ; c'est ce qu'analyse la vidéo référencée en haut de cette page.

     

    1Respectivement : Outils et Ressources pour un Traitement Optimisé de la LANGue et Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales.


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